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coupé, ée [1]

part. passé. (kou-pé, pée)
  • 1Tranché. Rome a pour ma ruine une hydre trop fertile ; Une tête coupée en fait renaître mille. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste] Et n'y voyant qu'un tronc dont la tête est coupée. [Corneille, La mort de Pompée]

    Avoir le cou coupé, perdre la tête sur l'échafaud. Pomenars ne fait que sortir de ma chambre ; nous avons parlé assez sérieusement de ses affaires, qui ne sont jamais de moins que de sa tête ; le comte de Créancé veut à toute force qu'il ait le cou coupé ; Pomenars ne veut pas ; voilà le procès. [Sévigné, 70]

    Barbe coupée. Cheveux coupés.

    Familièrement. Elle venait d'être coupée [d'avoir les cheveux coupés]. [Sévigné, 44]

    Cette locution n'est plus usitée du tout.

  • 2 Terme d'architecture. Pan coupé, surface qui remplace l'angle à la rencontre de deux pans de mur.

    Terme de peinture. Contour coupé, contour qui n'est pas bien tournant et qui, étant tranché trop net, paraît dur.

  • 3Interrompu. Pays coupé de canaux. La route est fort coupée et le pays difficile. [Rousseau, Émile, ou De l'éducation] Le royaume de Siam, quoique coupé par une chaîne de montagnes qui va se réunir aux rochers de la Tartarie, est d'une fertilité prodigieuse. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]

    Terme militaire. Dont la retraite est interceptée. L'ennemi coupé par une manoeuvre audacieuse. Il annonce que la première ligne de Murat a été surprise et culbutée, sa gauche tournée à la faveur des bois, son flanc attaqué, sa retraite coupée. [Ségur, Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812]

  • 4 Terme de marine. Pont coupé, élévation d'une partie du pont de certains bâtiments de commerce.
  • 5Châtré. L'Angleterre ne permet pas la sortie de ses chevaux s'ils ne sont coupés. [Montesquieu, L'esprit des lois]
  • 6 Fig. Voix coupée par les sanglots. Les échos assoupis ne livrent au zéphyre Que des soupirs mourants, de silence coupés. [Lamartine, Méditations poétiques]

    Terme de littérature. Style coupé, style à phrases courtes, et aussi celui où l'orateur, paraissant entraîné par la passion, ne fait pas toujours les phrases complètes, supprime quelque liaison entre les propositions, n'achève pas toujours sa pensée et la laisse deviner en partie. Sa conversation était légère, agréable et instructive par le grand nombre d'hommes et de peuples qu'il avait connus, elle était coupée comme son style, pleine de sel et de saillies, sans amertume et sans satire. [D'alembert, Éloges, Montesquieu.]

    Phrase, strophe bien coupée, phrase, strophe où les repos sont bien ménagés.

  • 7Point coupé, espèce de dentelle faite avec des feuilles pointues.
  • 8 Terme de blason. Écu coupé, écu divisé par le milieu, de droite à gauche, par une ligne horizontale ou dans le sens de la fasce.

    Animaux coupés, têtes de loups, de sangliers et autres animaux, ou pieds et autres membres, quand ils paraissent nettement séparés du corps. Coupé de l'un ou l'autre, se dit quand, sur un écu ainsi coupé, il y a un animal ou autre pièce ou meuble brochant sur le tout, qui est pareillement coupé, en sorte que l'émail du chef se trouve en la pointe, et, réciproquement, celui d'en bas se trouve en haut.

  • 9Mélangé avec un autre liquide de force moindre. Du vin coupé d'eau. Les vins forts sont coupés avec des vins plus légers.

    Absolument. Mélangé avec de l'eau. Lait coupé. Bouillon coupé.

    PROVERBE

    Pain coupé n'a point de maître.
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